Kinshasa, le 3 décembre 2025: Plusieurs organisations de la société civile congolaise alertent sur les limites des processus diplomatiques en cours à Washington et Doha visant à mettre fin aux violences dans l’Est de la République démocratique du Congo. Alors que le président Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame s’apprêtent à entériner un accord de paix assorti d’un cadre d’intégration économique régionale sous la supervision du président américain Donald Trump, les signataires rappellent qu’aucune paix durable ne sera possible sans un dialogue inter-Congolais véritablement inclusif.
Selon leur déclaration, ces démarches internationales se concentrent exclusivement sur trois acteurs : le gouvernement congolais, le gouvernement rwandais et la rébellion AFC/M23, en laissant de côté d’autres protagonistes majeurs du conflit, ainsi que les communautés directement impactées par les violences. « Sans un dialogue qui s’attaque aux causes profondes des conflits et donne voix aux populations », ces accords risquent de demeurer « des avancées sur papier », préviennent les organisations.
Des violences persistantes malgré les cessez-le-feu
Les groupes de la société civile notent que les cessez-le-feu successifs n’ont pas amélioré la réalité sécuritaire sur le terrain. Des affrontements d’ampleur se poursuivent notamment à Kamanyola, Mwenga et dans les zones proches d’Uvira, marquant une escalade alarmante et faisant planer la menace d’un embrasement régional.
La présence de troupes étrangères : burundaises, ougandaises, et surtout rwandaises, ainsi que l’installation d’administrations parallèles par l’AFC/M23 dans certaines localités amplifient durablement l’instabilité.
Un appel pressant à la communauté internationale
Les organisations demandent à la communauté internationale de créer les conditions propices à la tenue d’un dialogue national, en veillant notamment :
au respect strict et élargi du cessez-le-feu à tous les groupes armés,
à la rationalisation des mécanismes de suivi des accords,
à l’application intégrale de la résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations Unies,
au retrait inconditionnel des troupes rwandaises et à l’arrêt du soutien étatique aux groupes armés.
Elles invitent les États-Unis, le Qatar, l’Union africaine et d’autres partenaires internationaux à faire pression sur Kinshasa pour l’organisation rapide d’un dialogue national inclusif, conformément au Pacte social porté par les églises catholique et protestante.
Risque de partition de fait du pays
Pour la société civile, retarder cette démarche reviendrait à accepter l’occupation prolongée d’une vaste partie de l’Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, et donc à entériner une partition de facto du territoire congolais.
Le dialogue, insistent-elles, doit mener à des résolutions contraignantes prévoyant :
la réunification du pays,
la restauration de l’autorité de l’État,
la démobilisation et le désarmement de toutes les forces irrégulières,
des réformes politiques et sécuritaires essentielles,
la préparation sereine des prochaines élections générales.
Une course contre la montre pour la paix
Face à un conflit qui se complexifie et s’internationalise davantage, les organisations concluent que la paix durable en RDC ne pourra émerger sans l’implication active de toutes les parties prenantes congolaises – et d’abord des populations directement frappées par les violences.
